liberté chérie !
« Liberté chérie! » Deux mots balancés comme une claque, un cri cru qui sort des entrailles. La liberté, ce trésor un peu rugueux qu’on doit protéger comme notre dernier souffle, ce truc qui fait battre l’art comme un cœur affolé, le projetant vers des horizons sans fin.
« Liberté chérie! » Ces deux mots se cognent et s’entrelacent, porteurs d’une force brute et indomptable. Ils nous rappellent que la liberté, c’est cette quête sacrée, ce droit que personne ne devrait nous enlever. Comme une muse tenace, elle réveille en nous des désirs qu’on croyait éteints, des rêves imprévisibles et des ambitions qu’on n’osait même plus murmurer.
Dans les recoins cachés, où les artistes traînent leur mélancolie, « Liberté chérie! » résonne comme une promesse d’évasion, une clé qui libère les esprits de leurs entraves. C’est une incitation à envoyer valser les conventions, à défier les interdits et à se perdre dans des chemins de traverse encore inexplorés.
arno : » vive ma liberté »
ARNO
Arno Hintjens, né dans les ruelles sombres d’Ostende un jour de 1949, n’a jamais été fait pour les douceurs de la vie ordinaire. Non, ce type-là, il avait du feu dans le ventre et des rasades de whisky pour carburant. Ses premiers pas dans le monde de la musique, il les a faits avec un pied dans la boue et l’autre dans le rock ‘n’ roll, arpentant les bistrots mal famés où la bière coule à flots et les rêves se noient dans les cendriers.
Arno, c’était une gueule cassée, une voix râpeuse comme une vieille éponge imbibée de gin. Il chantait avec ses tripes, avec ses os, avec la douleur de ceux qui n’ont jamais eu droit à la lumière. Le bonhomme dégueulait ses chansons comme d’autres crachent du sang, chaque mot une claque, chaque note une brûlure.
Il a fait ses gammes avec Tjens Couter, puis a pris les commandes d’Ostende et de Bruxelles avec TC Matic, balançant des hymnes à la crasse et à l’amour déglingué. Ses textes, c’était du Bukowski en musique, des tranches de vie sordides et magnifiques, des histoires d’amours mortes-nées et de nuits sans fin.
Avec ses cheveux en bataille et son regard de loup, Arno n’a jamais cherché à plaire. Il a chanté en français, en anglais, en flamand, mêlant les langues comme il mêlait les genres, du blues au punk, en passant par la chanson française. Ses concerts étaient des messes païennes où les fidèles s’abreuvaient à la source de sa folie douce.
Il n’a jamais arrêté de tourner, de créer, de hurler sa vérité à la gueule du monde. Même quand la vie lui a balancé ses pires horreurs, il a continué, comme un boxeur sonné qui refuse de tomber. Et à chaque coup reçu, il répondait avec une chanson, un poème, une nouvelle claque musicale.
Arno, c’était le chanteur des paumés, des poètes de comptoir, des amoureux déchus. Il a laissé derrière lui un sillage de mélodies et de mots, une empreinte indélébile sur le pavé glissant de la vie. Il n’est plus là, mais ses chansons, elles, continuent de résonner, comme un vieux vinyle qu’on ne se lasse jamais d’écouter, la cigarette au bec et le verre à moitié vide, ou à moitié plein.